Les enjeux de la COP21

18 novembre 20150

par Guillaume REFFAY pour Unsri Zittung

LES ENJEUX DE LA COP21 (21e sommet sur le climat à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015)

La Terre a toujours subi des variations de températures jusqu’à 5 degrés, mais cela était étalé sur plusieurs millions d’années. Or, nous nous sommes réchauffés de 4,8°C en 200 ans ! Cela prouve bien que l’activité humaine d’aujourd’hui a un réel impact sur nos températures.

L’objectif de ne pas se réchauffer de plus de 2°C à l’horizon de 2100 semble pour certains vital car au delà, il y aura des effets d’emballement :

  • inversion des puits de carbone : au-delà d’une certaine température, les forêts, le plancton marin, les végétaux ne capteront plus le dioxyde de carbone et ne joueront donc plus leur rôle d’absorbeur.
  • Dégel du permafrost qui aura pour effet de libérer dans l’atmosphère des quantités de méthane que nous avons du mal à imaginer, augmentant encore plus rapidement la température.

Nous devons donc réagir immédiatement pour aller vers une économie décarbonée à l’horizon de 2100, partout sur la planète. Cette orientation est possible à l’horizon de 2060 dans nos pays.

Historique

Depuis les accords de Kyoto (1997), pour les pays industrialisés, seule l’Europe a tenu ses engagements. Ils ont toutefois porté partiellement leurs fruits par la mise en place de marchés carbone qui autorisent les entreprises les plus performantes dans la réduction de leur empreinte carbone à revendre les quotas ainsi créés à leurs collègues moins vertueux. Efficaces, surtout en Chine, le prix du carbone en Europe est trop bas pour avoir un réel effet sur les modes de production.

En 2009, à Copenhague est alors apparue la notion des 2°C à 2100. C’est la première fois qu’une telle notion apparaît dans un document diplomatique.

Ensuite, il a été décidé à Durban en 2011 que les accords de Paris 2015 devront être contraignants.

La réussite de cette COP21 est donc fondamentale mais s’avère complexe.

Il faudrait notamment que la Chine en soit d’accord sur les grandes lignes ainsi que les 3/4 des pays émetteurs de gaz à effet de serre (GES).

Le point de vue des différentes familles de pays

La Chine est bien sûr le plus gros émetteur en quantité globale, il faut considérer toutefois qu’elle produit beaucoup à destination des pays riches et a la population la plus importante. Si l’on prend l’émission de GES par tête d’habitant, ce sont l’Australie, le Canada suivis par les USA les plus mauvais élèves. Les pays riches ayant commencé à polluer plus tôt, on peut également parler de dette écologique. Ils se déresponsabilisent par rapport à cette notion du fait de la non-connaissance à l’époque des impacts des GES sur le climat

Les pays sous-développés sont souvent les premiers impactés par le dérèglement climatique (montée des eaux, tempêtes, désertification…) et n’ont pas les moyens d’y faire face. Ils sont les derniers émetteurs. Le dérèglement climatique étant une responsabilité collective incombant le plus aux pays actifs économiquement, il conviendrait donc d’être solidaire et de créer un fond public d’adaptation, estimé à 200 milliards de $ par an. Les pays riches disent non, il n’y a pas l’argent public.

Les sommets climatiques doivent donc prendre en compte l’ensemble de ces éléments afin qu’un dialogue tourné vers l’avenir soit possible.

Comment ce traité pourrait-il être efficace ?

Il serait vraissemblablement impossible comme initialement décidé à Durban que le traité de Paris soit juridiquement contraignant. Pour ce, il devrait être signé par les parlements nationaux. Or, Obama est en minorité à son congrès. C’est également impossible pour la Chine et d’autres pays comme le Canada, sont déjà sortis des négociations par le passé lorsque le traité devenait contraignant.

Il y aurait donc 2 pistes pour le traité soit efficace, au moins partiellement :

  • un système de transparence et de révision tous les 5 à 10 ans des objectifs de baisse d’émission de GES. Les Etats-Unis et à-priori la Chine y seraient réceptifs.
  • Aller vers des obligations de moyens, généralisation des marchés du carbone, fiscalité du carbone, prix plancher du carbone.

L’Union Européenne a un rôle capital à jouer pour arriver à un consensus. En effet, elle est climatiquement crédible parce qu’elle a tenu ses engagements par le passé. Elle est également respectée par les pays pauvres car c’est elle qui abonde le mieux les fonds de solidarité vers les pays pauvres. Elle devra toutefois faire fi des divisions entre ses pays émergents (Pologne, Tchéquie, Bulgarie) qui aspirent à rejoindre le niveau de consommation des pays plus à l’Ouest, ce qui parfois la renferme sur des discussions internes plutôt qu’avec les autres pays. Il n’existe également pas de politique énergétique européenne commune.

Quant à la Chine demande à pouvoir émettre 20% de GES en plus par tête d’habitant afin d’arriver à un niveau de vie supérieur. L’Inde encore considérée comme un pays pauvre demande surtout des transferts de technologies vertes afin notamment de satisfaire ses productions d’énergie autrement que par le charbon ou les énergies fossiles. Notez bien que pour les pays émergents nous avons par le potentiel accès à la consommation des classes moyennes une bombe d’émission de GES. La Chine et l’Inde sont par contre ouverts au dialogue car vivent de plus en plus de problèmes environnementaux, notamment en terme de qualité et de quantité d’eau disponibles qui deviennent préoccupante avec par exemple la fonte des glaciers en Himalaya.

Ensuite, les pays producteurs de pétrole, du Vénezuela à la Russie en passant par le moyen-orient ne souhaitent pas la transition énergétique. Certains comme la Norvège, le Canada souhaitent même le réchauffement pour exploiter le pétrole en Arctique et dans les territoires septentrionaux.

Arriver à un accord efficace ne sera donc pas facile. La société civile dans tous les pays doit donc s’emparer du sujet pour faire pression sur les gouvernements, afin que ceux-ci puissent nous fédérer autour d’une sorte OBJECTIF CLIMAT, à l’image de l’OBJECTIF LUNE de Kennedy dans les années 60, qui avait regroupé tous les intérêts autour d’un défi commun. Cela serait ainsi le prélude à la naissance d’une société collaborative et d’une humanité pérenne.

Les attentats de Paris du 13 novembre dernier et l’Etat d’Urgence ne doivent donc pas détourner la question climatique qui elle est à la fois importante et urgente

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