Aujourd’hui le militantisme régionaliste alsacien est en deuil. René-Nicolas Ehni est décédé.
Cet auteur majeur de la littérature alsacienne laissera une trace que toutes les gommes du rouleau compresseur linguicide français ne sauront effacer.
« Arda… Wurzla… » son cri de guerre retentissant qui faisait frémir les ailes du moulin d’Eschentzwiller ne s’effacera pas de notre souvenir.
Il voyait les Alsaciens des années 70 comme des indiens dans leur réserve, abrutis par les propos lénifiants des godillots gaullistes d’une Vème République ébranlée par mai 68.
Écologiste de la première heure dénonçant la perversité de la dépendance à l’énergie nucléaire de Fessenheim, écorché vif par la guerre coloniale française en Algérie, brillant dandy se jouant des codes de la jet set parisienne, mascotte de Simone de Beauvoir, il traduisait son passage dans le siècle par des œuvres qu’on relira.
Défenseur farouche de la langue régionale avec son complice de Bernwiller Louis Schittly, homme de théâtre, il fit jouer L’amie Rose en alsacien au théâtre de Chaillot à Paris !
Le vaurien connaîtra une gloire posthume: Unser Land attend que ses œuvres soient enseignées dans les établissements scolaires, qu’elles soient jouées dans les théâtres et que son nom figure en bonne place sur les plaques de rue et aux frontons des lieux de culture.
Jean Philippe Platt
