Le dimanche 12 décembre, les Néo-Calédoniens seront appelés à se prononcer sur la question suivante :
« Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? ».
Pour comprendre le sens et la portée de ce référendum, il convient de revenir sur les étapes qui ont mené, en plus de trente années, d’une guerre civile sanglante au mitan des années 1980 à cette consultation sur le statut de cette île française depuis 1853.
L’année 1988 est marquée par la signature des accords de Matignon qui fixent le cadre temporaire de l’avenir du << caillou >>, comme l’appellent la plupart des << métropolitains >>.
Ces accords, qui ont permis de restaurer la paix civile, ont notamment eu pour objet de fixer un statut transitoire pour la Nouvelle-Calédonie.
Vient ensuite un second texte d’importance pour l’île : l’ accord de Nouméa, signé le 5 mai 1998. Ce documente comporte un certain nombre de dispositions qui revêtent un caractère inédit lorsqu’on les compare au droit général.
Il s’agit de rappeler que la Nouvelle-Calédonie fait l’objet d’un titre à part de la Constitution de la V ème République.
Aussi, l’Etat a-t-il reconnu à l’île de nombreuses compétences qui lui permettent de se développer de manière autonome.
Dans le cadre de l’application de cet accord, est prévue l’organisation de trois référendums portant sur l’indépendance de l’île.
Les deux premiers ont eu lieu en 2018 et 2020.
Il est aujourd’hui impératif de reporter la tenue de cet troisième référendum.
Ce report est la condition sine qua non de la tenue d’un reférendum apaisé.
Ce report est également justifié par les principes démocratiques qui commandent que les protagonistes d’une élection puissent faire campagne dans de bonnes conditions.
Si les accords de Matignon et l’accord de Nouméa avaient pour finalité de créer les conditions de l’éclosion d’une société néo-calédonienne harmonieuse, il s’agit aujourd’hui de ne pas perdre de vue cet objectif.
La tenue du référendum dimanche prochain aurait nécessairement pour conséquence de ranimer de vieilles querelles.
Au lieu de souffler sur les braises, jouons l’apaisement !
L’Etat ne doit pas se précipiter de se délester d’un << fardeau >> qui le gêne aux entournures : il lui faut respecter sa parole et être loyal envers ses citoyens.
Jean FAIVRE