Jamais le parti autonomiste Unser Land (UL), né en 2009, n’avait présenté autant de candidats à une élection: il sera dimanche dans 20 cantons sur 40. Dont Molsheim où, comme ailleurs en Alsace, il espère traduire dans les urnes l’opposition à la grande région.
De gauche à droite : Francine Kasmi, Jeanine Plaisant-Hermanns, Benoît Seiller et Pierre Peresson. Photo DNA
De gauche à droite : Francine Kasmi, Jeanine Plaisant-Hermanns, Benoît Seiller et Pierre Peresson. Photo DNA
Tous les quatre ont été des rassemblements des derniers mois pour dénoncer la fusion Alsace – Lorraine – Champagne-Ardenne (ALCA) dessinée par la réforme territoriale. Un redécoupage qui à leurs yeux incarne aussi bien un « contresens historique que culturel, juridique, économique »… Ce à quoi est venue s’ajouter le « il n’y a pas de peuple alsacien » du Premier ministre Manuel Valls : une petite phrase « qui a profondément blessé », affirme Jeanine Plaisant-Hermanns.
« Pour l’embauche de gens qui parlent alsacien dans les maisons de retraite »
Ce « peuple alsacien », justement, elle-même et Benoît Seiller entendent le représenter (en tout cas celui du nouveau canton de Molsheim) dans le futur conseil départemental. Leur priorité, sans surprise, est d’abord de « rétablir l’Alsace dans ses limites actuelles », comme l’explique Benoît Seiller. «Ce n’est pas la taille qui fait la force d’une région, ce sont les compétences », argumente-t-il en citant les exemples de nos voisins européens.
Autre cheval de bataille : la défense de l’alsacien, aujourd’hui en grand danger, observe le tandem. D’où un besoin de «mesures fortes» à commencer par « la co-officialité» dans l’enseignement et l’administration. Dans le même registre, le binôme souhaite permettre l’immersion bilingue « dès la crèche » et « l’embauche de gens qui parlent alsacien dans les maisons de retraite » – critère de recrutement actuellement impossible car discriminatoire. Le quatuor balaie cependant tout repli identitaire. « C’est une richesse supplémentaire et une ouverture d’esprit », fait au contraire remarquer la suppléante Francine Kasmi.
Enfin, Unser Land veut préserver le droit local «constamment attaqué»… En particulier le statut concordataire «qui permet le bien vivre ensemble », note Jeanine Plaisant-Hermanns. Là encore, la réforme territoriale en prend pour son grade : « Le conseil régional de Lorraine n’a jamais versé un centime à l’institut du droit local bien que la Moselle soit sous ce régime. Alors je ne pense pas que dans la grande région où l’Alsace sera minoritaire, ils accepteront de le financer quand ça ne concernera que trois départements sur dix », prédit Pierre Peresson.
Une autonomie pour l’Alsace au sein d’un cadre fédéral pour plus de proximité, la reconnaissance de l’alsacien, la défense du droit local… Non, non: même si les termes les plus récurrents du discours sont «Alsace» et «région», on n’est pas fin 2015 en pleine campagne des Régionales (outre le fait que plusieurs de ces propositions nécessiteraient une révision de la Constitution), mais bien dans les Départementales de dimanche. Les quatre candidats admettent d’ailleurs sans problème que l’échelon du Bas-Rhin n’est pas celui auquel se traitent toutes ces questions.
« Message à Paris »
Dès lors, pourquoi briguer ce mandat ? Benoît Seiller plaide que «la présence d’élus d’UL» dans la future assemblée départementale permettra de « peser » sur ces thématiques et de jouer « un rôle de garde-fou ». «Nous n’avons plus envie des partis traditionnels centralisateurs » jugés co-responsables de l’ALCA honnie, enfonce Jeanine Plaisant-Hermanns. Un vote sanction rot un wiss , en somme, qui enverrait par la même occasion «un message à Paris ».